On comprend mieux l’attitude ambiguë que Washington a entretenu avec les Kurdes au nord de la Syrie. Il s’agissait avant tout d’une lutte entre le président US Donald Trump et l’Etat d’Israël et à la fin, exaspéré par l’aide massive israélienne aux kurdes syriens, Trump ordonne le retrait des forces US du Nord de la Syrie et entame une série de Tweets au sujets de « guerres tribales sans fin » ou « que Napoléon leur vienne en aide! ».
L’agenda des kurdes séparatistes de Syrie et d’Irak ne coïncide pas avec les intérêts US mais suivait celui des israéliens.
Qu’ils se démerdent tous seuls et on verra !
Trump n’y est pas allé par quatre chemins. En ordonnant le retrait US du Nord de la Syrie, celui-ci voulait damer le pion à Tel-Aviv mais garder la main sur les sites de production d’énergie fossile dans la région. L’ordre de Trump fut délibérément mal-interprété par les médias de l’Etat profond afin de gagner des points politiques. Ce fut l’un des rares moments où Trump se heurtait frontalement aux israéliens et leur demandait de cesser de faire passer les intérêts israéliens avant ceux des américains au Moyen-Orient. Donald Trump s’ est toujours efforcé à paraître comme le président US le plus fervent partisan d’Israël mais l’assaut turc contre les kurdes de Syrie, décidé d’un commun accord entre Trump et Erdogan aurait poussé les israéliens à réagir et à annoncer à demi-mot leur implication absolue dans la guerre des Kurdes contre leurs oppresseurs régionaux, brisant ainsi l’entente avec Washington sur cette question. Pour les Américains, les kurdes ne sont au mieux que des vassaux et de simples outils jetables assez commodes à utiliser pour justifier une présence militaire illégale en Syrie. Pour les israéliens par contre, le projet kurde est un vieux rêve de remodelage du Moyen-Orient pour servir au mieux leur objectif d’hégémonie stratégique et l’affaiblissement permanent de leur voisinage géopolitique, amis et ennemis confondus.
L’aide israélienne militaire et technique aux kurdes d’Irak remonte aux années 60 où elle fut l’un des facteurs favorisant la rébellion kurde permanente contre le gouvernement irakien au plus fort de la guerre Iran-Irak puis la révolte des kurdes dans le Nord de l’Irak après la guerre du Golfe de janvier-février 1991. Les israéliens établirent des centres d’écoute et des bureaux de liaison commerciaux au Kurdistan irakien semi-autonome dès les années 2008-2010 pour gérer leurs réseaux au sein des kurdes d’Iran et de Syrie.